Dessin tiré d'un ouvrage est-allemand de 1953 intitulé Eire Auswahl Neuer Deutscher Karikaturen. Ici un dessin provenant de l'hebdomadaire Windstärke, n°12.

 

 

Ce dessin de presse produit en Allemagne de l’Est au cours de la première guerre froide représente l’ennemi américain sous les traits d’un gigantesque céphalopode au corps paré des couleurs du drapeau américain1 

 

Le choix d’un calamar est ici particulièrement judicieux puisqu’il s’agit d’un animal dont les tentacules ont la faculté de s’insinuer où bon lui semble et dont il est particulièrement difficile de décoller les ventouses un fois qu’elles se sont fixées quelque part. Cette thématique du céphalopode n’est d’ailleurs par une nouveauté dans la propagande communiste puisqu’on la retrouve dans une célèbre affiche produite en 1947 par le parti communiste français où les USA, croqués cette fois sous la forme d’une pieuvre, sont présentés comme un envahisseur, le tout associé à la mention : « Non la France ne sera pas un pays colonisé, les Américains en Amérique ! »

 

Le sinistre animal semble progresser lentement mais sûrement à partir d’une forêt de buildings comme il en existe dans tous les grands centres urbains américains et qui peut à bien des égards rappeler le Central Business District de New-York avec peut-être au centre une évocation de l’Empire State Building. D’ailleurs, l’un des tentacules s’empare de la statue de la Liberté tout en la faisant outrageusement vaciller comme pour signifier que les USA invoquent systématiquement les valeurs démocratiques qu’elle incarne afin de satisfaire des intérêts politiques et économiques en réalité peu avouables.

 

Un second tentacule semble prendre possession d’un navire de commerce comme pour souligner le fait que les États-Unis cherchent à s’assurer la mainmise sur le commerce international de marchandises. Ceci leur est d’autant plus facile qu’ils s’emploient partout dans le monde à prendre le contrôle de la production des matières premières (pétrole et minerais notamment) ainsi que des principales infrastructures de transport. Deux tentacules témoignent de cet état de fait ; l’un enserre au premier plan un gros complexe pétrolier avec derricks, cuves de stockage et oléoducs ; l’autre, à l’arrière plan illustre un complexe industriel avec les voies ferroviaires qui le desservent.

 

 Cette politique offensive des USA n’est possible que grâce à l’argent dont ils disposent à volonté pour imposer leurs vues au reste du monde. Cet argent apparaît sous la forme d’un gros sac portant le symbole du dollar à droite du document.

 

 Leur puissance malfaisante les pousse par ailleurs à se dégager de toute considération morale au point qu’ils n’hésitent pas à déchirer les traités qu’ils ont signés lorsque leurs intérêts l’exigent.

 Leur potentiel de nuisance est tel qu’ils cherchent à s’assurer un certain contrôle sur l’Afrique comme en témoigne le tentacule qui enserre des cases entourées de palmiers au premier plan (A noter toutefois que l’Afrique reste encore à ce moment-là sous domination des métropoles occidentales). Mieux, ils s’assurent la mainmise sur de grandes puissances occidentales comme la Grande Bretagne dont on reconnaît aisément le tracé des côtes et qui apparaît par ailleurs sous les traits habituels d’un lion soumis affublé ici de l’Union Jack en guise de queue.

 

 Pour finir, les USA sont présentés comme un pays belliqueux attisant partout dans le monde des conflits lui permettant d’asseoir son hégémonie. Au centre de l’image, un tentacule largue une bombe sur un village de type européen dont l’église en flamme ne laisse aucun doute sur les intentions de l’agresseur (peut-être une évocation de l’interventionnisme américain en Grèce au temps de la guerre civile). A droite c’est cette fois-ci un village asiatique reconnaissable à la présence de pagodes est anéanti par le feu à grand renfort de chars et de bombardiers. Il s’agit ici sans doute possible d’une évocation de la guerre de Corée qui s’est déroulée de 1950 à 1953 et au cours de laquelle les USA se sont engagés massivement aux côtés de sud coréens contre les troupes nord coréennes et chinoises.

 

Alternance de treize bandes rouges et blanches faisant référence aux treize colonies ayant autoproclamé leur indépendance vis-à-vis de la couronne britannique en 1776 et cinquante étoiles correspondant aux cinquante États de l’Union.