La partie gauche du document évoque la période précédent les événements du 11 septembre 2001 aux USA lors de la présidence du démocrate Bill Clinton dont le visage caricaturé apparaît dans les traits d'un soleil éclatant. Sous cette présidence, tout va pour le mieux pour l'Amérique qui connaît alors une formidable envolée boursière à partir de 1999 matérialisée ici par un capitaliste (probablement Alan Greenspan, le directeur de la réserve fédérale) euphorique distribuant à tour de bras des dollars à une population en liesse dans un cadre verdoyant. En effet, au cours de cette période la population américaine profite pleinement des fruits de la croissance en investissant une bonne partie de ses revenus dans les actions des grosses sociétés US cotées à Wall Street, la première place financière au monde, afin de capitaliser un maximum de dividendes et de plus-values, notamment dans le cadre des fonds de pensions. Cette croissance semble alors à certains éternelle d'où la représentation d'une corne d'abondance qui dans la mythologie grecque avait pour particularité de fournir miraculeusement et en abondance de la nourriture à celui qui la possédait. Par ailleurs, la situation internationale s'est alors considérablement améliorée avec la disparition du bloc soviétique entre 1989 et 1991. Plus que jamais les USA apparaissent comme la seule hyperpuissance dans le monde (expression d'Hubert Védrine) et comme les grands vainqueurs de la guerre froide ("Nous avons gagné!").

 

Pourtant, avec les attentats du 11 septembre 2001, la situation bascule en défaveur des Etats-Unis. La partie droite du document évoque cette période d'incertitude et de remise en question au cours de laquelle les symboles mêmes de la puissance économique américaine s'effondrent. En effet, le centre du dessin représente l'impact des avions de lignes Boeing détournés par plusieurs commandos islamistes travaillant pour le compte du saoudien Ben Laden sur les tours jumelles du Worl Trade Center au cœur même de la capitale mondiale de l'économie : New York. Désormais le ciel s'assombrit pour les USA qui ne comprennent pas les raisons qui poussent certains hauts dignitaires musulmans à s'attaquer aussi violemment à la civilisation occidentale : "Pourquoi nous haïssent-ils"? Cette incompréhension est clairement exprimée par la présence d'un oncle Sam à genoux, horrifié face à un islamisme triomphant. Plus que jamais, l'ombre menaçante du fanatisme religieux et de la mort plane sur les Etats-Unis. L'islamisme dans ce qu'il a de plus laid est représenté ici sous les traits d'un vautour, animal charognard par excellence, qui combine dans son visage des aspects diaboliques (oreilles en pointe et sourire menaçant) et l'apparence physique d'un islamiste (turban et barbe).

 

Dans la partie droite du dessin, le président républicain George W. Bush dont les traits sont aisément reconnaissables dans la lune se retrouve donc confronté à une nouvelle menace beaucoup plus sournoise que ne l'était l'URSS en son temps. Une véritable psychose s'empare du pays, renforcée par la réception par plusieurs responsables politiques de nombreuses enveloppes contenant de l'Antrax, un puissant neurotoxique. Dans tous les lieux sensibles, des mesures de sécurités exceptionnelles sont mises en place notamment dans les aéroports où la surveillance dans les halls d'accueil et au niveau des portiques de détection est renforcée. Désormais Bush engage son pays dans une lutte à mort contre les fondamentalistes musulmans en s'attaquant aux bases d'entraînement des commandos islamistes qui sont alors pour la plupart situées en Afghanistan où règnent d'une main de fer les Talibans. L'intervention US en Afghanistan est évoquée sur ce dessin par la présence de bombardiers lourds déversant leurs tapis de bombes.